La révolution des véhicules autonomes : l’adaptation obligée des compagnies d’assurance
Enfants, nous nous faisions souvent rappeler de ne pas monter dans la voiture d’un étranger. Pour beaucoup d’entre nous, cependant, c’est devenu complètement normal aujourd’hui. Dans dix ans, nous pourrions même être prêts à nous déplacer dans des voitures sans conducteur.
Les entreprises relevant des réseaux de transport et de l’économie du partage sont à la tête d’une transition révolutionnaire de la propriété individuelle vers de nouvelles approches en matière de mobilité et d’accès aux véhicules, dont une plus grande utilisation des véhicules autonomes. Selon les prévisions de Deloitte, ces derniers représenteront plus de 80 % des ventes de véhicules neufs dans les zones urbaines d’ici 2040. Déstabilisées par l’avènement des véhicules autonomes et les répercussions de ces nouveaux venus sur leur fonctionnement, les entreprises automobiles doivent en outre repenser leur façon de gérer les risques.
Déplacement de la responsabilité
Les voitures sans conducteur devraient tôt ou tard réduire la fréquence des collisions et les coûts totaux associés à la responsabilité. Toutefois, cela ne se fera pas sans heurts. À mesure que les véhicules autonomes prendront leur place et que les conducteurs apprendront à partager la route avec eux, un plus grand nombre de collisions est à prévoir à court terme.
Et moins la sécurité routière incombera aux conducteurs, plus les fabricants, les fournisseurs de composantes et les entreprises de technologies participant à la construction des véhicules autonomes et des logiciels qui les contrôlent assumeront les risques de responsabilité. Selon une étude menée de 2005 à 2007 par la National Highway Traffic Safety Administration, l’écrasante majorité des sinistres automobiles, soit 94 %, ont été causés par des conducteurs. Seul un petit nombre de collisions a été imputable à des défaillances du matériel. Au cours des deux prochaines décennies, cette équation changera presque certainement, ce qui amènera les assureurs à revoir leur façon de quantifier les risques et de fixer les tarifs des couvertures d’assurance.
Une nouvelle approche de l’assurance
En fin de compte, l’approche traditionnelle en matière de responsabilité automobile devra céder du terrain à une assurance responsabilité civile liée aux produits ou à une protection hybride. La difficulté concernant l’assurance automobile conventionnelle des véhicules autonomes réside dans la responsabilité en cas de collision. En effet, si le véhicule est sous le contrôle d’une personne, c’est l’assurance automobile individuelle de cette dernière qui s’appliquera. Mais si la voiture est dirigée par une technologie autonome, la responsabilité est alors assumée par l’assurance responsabilité civile liée aux produits du fabricant des pièces d’origine.
Pour ce qui est des véhicules très autonomes, l’argument de poids selon lequel les éventuelles collisions sont causées par la défaillance des produits sera sûrement invoqué à la défense des conducteurs. Il est possible que les assureurs ne soient pas prompts à adopter cette position, en raison notamment de l’absence de jurisprudence et de données sur les sinistres concernant les incidents mettant en cause des véhicules autonomes.
De plus, l’accès aux importantes quantités de données recueillies par les véhicules, pouvant aider à déterminer les conditions dans lesquelles ont eu lieu les collisions, est un point litigieux pour les assureurs. Les fabricants des pièces d’origine et les assureurs devront trouver un terrain d’entente pour l’utilisation des données afin de créer des polices d’assurance hybrides, et voir à ce que la responsabilité puisse être définie de façon juste et appropriée tout en protégeant les renseignements personnels des propriétaires des véhicules.
La société est en train de passer de la conduite de voitures appartenant à des propriétaires individuels au partage de véhicules toujours conduits par des humains, et enfin au partage de véhicules autonomes. Pour que cet avenir devienne réalité, les industries de l’automobile et de l’assurance doivent être prêtes et disposées à changer leur perception du risque.