Comprendre le marché en transition
La crise de la COVID-19 et les tendances à long terme contribuent à aggraver la situation pour les acheteurs d’assurance aux États-Unis et au Canada, selon des conférenciers qui s’exprimaient lors d’une récente webémission de Marsh.
À l’échelle mondiale, les prix de l’assurance des entreprises ont augmenté de 19 % au deuxième trimestre de 2020, selon l’indice global du marché mondial de Marsh. Il s’agit du onzième trimestre consécutif où l’on observe une augmentation des prix. Il s’agit également de la plus importante augmentation annuelle enregistrée depuis la création de l’indice en 2012.
Aux États-Unis et au Canada, bien que les augmentations les plus importantes touchent l’assurance des biens, de la responsabilité civile des administrateurs et dirigeants, de la responsabilité civile automobile, de la responsabilité civile complémentaire et de la responsabilité excédentaire, on constate maintenant des augmentations de prix dans la plupart des secteurs. Les acheteurs font également face à des contraintes en matière de capacité et à un resserrement des modalités.
« Nous assistons à un rééquilibrage du marché, ce qui crée des difficultés pour toutes les parties », a déclaré Nathan Richmond, directeur mondial des placements de Marsh pour le Canada.
Pourquoi les prix de l’assurance augmentent-ils?
Bien que la crise de la COVID-19 ait eu des répercussions importantes sur les assureurs, l’évolution du marché est le résultat de plusieurs tendances continues, dont beaucoup se dessinaient bien avant la pandémie.
Les assureurs se préoccupent fortement de la diminution constante de leurs revenus de placements et de leur levier de souscription, a déclaré Kyle LaBarre, analyste chez Dowling & Partners. Par conséquent, la capacité des assureurs à améliorer les résultats d’exploitation a reposé de plus en plus sur des ratios combinés favorables, lesquels ont été très loin d’atteindre les niveaux nécessaires pour générer un rendement des capitaux propres de 7 % ou plus. « Cela étant dit, 2020 sera la treizième année consécutive où l’industrie ne parvient pas à générer un rendement des capitaux propres d’au moins 10 % », ajoute Kyle LaBarre.
Défis dans toutes les principales branches d’assurance
Ce qui est particulièrement inquiétant pour les acheteurs, c’est que les assureurs font maintenant pression pour augmenter les tarifs et modifier les modalités, même dans les comptes qui affichent un historique positif en matière de sinistres :
- Biens : à l’arrivée de 2020, les acheteurs aux États-Unis avaient déjà connu neuf trimestres consécutifs d’augmentation des prix, en raison des sinistres importants résultant de feux de forêt, d’ouragans, d’inondations, d’orages de convection et d’autres catastrophes au cours des dernières années. Si les assureurs mettaient souvent l’accent sur la tarification avant 2020, la COVID-19 les a poussés à examiner de plus près les modalités, en particulier les délais pour dommages immatériels. Au Canada, pendant ce temps, les hausses de prix s’accélèrent, car les souscripteurs s’inquiètent de l’accumulation des risques liés aux tremblements de terre en Alberta et en Colombie-Britannique.
- Dommages : le secteur de l’indemnisation des accidents du travail a généralement été avantageux pour les assureurs au cours des dernières années, mais le marché de la responsabilité civile continue de se détériorer. Des règlements de sinistres importants poussent les assureurs à augmenter les limites de rétention et à réduire les montants des limites qu’ils sont prêts à accorder dans les montages d’assurance responsabilité civile complémentaire et excédentaire.
- Responsabilité civile des administrateurs et dirigeants : bien que plus de 20 poursuites en valeurs mobilières liées à la COVID-19 aient déjà été déposées contre des administrateurs et des dirigeants, les assureurs en responsabilité civile des administrateurs et dirigeants sont davantage préoccupés par la possibilité d’une « avalanche » de réclamations de faillite découlant des effets économiques de la pandémie. Des poursuites en valeurs mobilières et en responsabilité dérivée de plus en plus coûteuses, liées aux cyberattaques, au mouvement #MoiAussi, aux feux de forêt, à la COVID-19 et à d’autres événements, sont également préoccupantes, alors qu’une récente décision de la Cour d’appel du Québec sur les responsabilités de défense des assureurs a eu une incidence considérable sur le marché canadien.
Gérer les renouvellements difficiles
Malgré ces tendances, les experts invités ont mis en évidence des stratégies que les acheteurs peuvent utiliser pour mieux gérer les renouvellements à venir. Le lancement précoce du processus et la différenciation des risques, que ce soit par l’utilisation des données, la participation des cadres supérieurs ou d’autres moyens, demeurent essentiels.
Il est toutefois important d’envisager des solutions de rechange, a déclaré Pat Donnelly, chef des Services spécialisés de Marsh JLT aux États-Unis et au Canada. Cela comprend l’examen des décisions prises au cours des cycles de renouvellement précédents à propos des structures de programme, des assureurs participants, ainsi que de l’adéquation et de la pertinence des limites et franchises des polices.
Les acheteurs d’assurance pourraient également tirer profit des options de capitaux étrangers. « Nous avons connu beaucoup de succès, particulièrement en ce qui concerne les risques mondiaux, avec certains assurés qui obtiennent de meilleurs résultats en explorant pleinement le marché mondial », a ajouté Pat Donnelly.