En 2017, le paysage des risques politiques mondial a été très agité. On s’attend à ce que la situation demeure pour les 12 prochains mois. La carte des risques politiques 2018 de Marsh s’inspire des résultats de BMI Research. Elle souligne les changements qui sont survenus au cours des 12 derniers mois et se penche sur les risques continus et les nouvelles préoccupations. Par exemple, les tensions entre la Corée du Nord, les États-Unis et d’autres pays ont augmenté alors que la Corée du Nord poursuit ses tests de missiles.
De plus, les risques d’augmentation du protectionnisme commercial mondial sont maintenus. BMI Research prévoit que les géants du commerce mondiaux, comme les États-Unis, demanderont d’autres restrictions en 2018, après une brève diminution des restrictions mises en œuvre en 2017. L’administration Trump a demandé au département du Commerce des États-Unis de mener des études sur les pratiques commerciales jugées déloyales. Ces études pourraient être utilisées afin de justifier les tarifs. En parallèle, les risques ayant trait à la succession ont dominé le paysage des risques politiques dans de nombreux pays d’Afrique. Enfin, les menaces terroristes demeurent une préoccupation, validées par les attaques en Europe, en Afrique, en Asie et ailleurs dans le monde en 2017.
Dans ce qui suit, nous examinerons les changements importants de chaque région ainsi que leurs répercussions sur le paysage des risques politiques pour l’année 2018.
AMÉRIQUE DU NORD
Depuis l’inauguration du président Trump en janvier 2017, les changements politiques aux États-Unis ont été quelque peu imprévisibles. En 2018, on s’attend à ce que la situation se poursuive. Cela pourrait inclure des changements au sujet du commerce international, notamment avec la Chine, qui représente une cible d’envergure.
Les élections législatives américaines de mi-mandat auront lieu en novembre pour le Sénat et la Chambre des représentants. Ces deux instances présentent actuellement une majorité républicaine. Un changement de pouvoir aux mains des démocrates pourrait augmenter davantage les désaccords politiques. De plus, une guerre de mots entre les présidents Trump et Kim Jong-Un de la Corée du Nord devrait se poursuivre en 2018. La Corée du Nord a procédé à de récents tests de missiles, désormais considérés en mesure d’atteindre les États-Unis. Ainsi, le pays représente une menace, ce qui pourrait mener à une réponse militaire de la part des États-Unis.
AMÉRIQUE LATINE
Plusieurs pays d’Amérique latine, y compris le Brésil, la Colombie, le Mexique, le Paraguay et le Venezuela, auront des élections présidentielles et législatives en 2018. L’incertitude a fait en sorte que BMI Research a révisé ses prévisions de risques politiques pour chacun de ces pays, comme dénoté dans ses valeurs d’indice de risque politique à court terme, où une baisse de valeur représente une réduction de la stabilité. Le Venezuela a connu une agitation incessante tout au long de 2017 en raison de la crise économique, ce qui a continué de peser sur ses valeurs d’indice de risque politique à court terme, désormais à 30,6. Le Suriname a subi la plus grande baisse d’indice de risque politique à court terme de la région, en passant de 52,9 à 46,5. Cette baisse découle de la crise économique et des tentatives de meurtre répétées envers le président Desi Bouterse.

EUROPE
Au Royaume-Uni, les négociations à propos du départ de l’Union européenne restent préoccupantes pour le paysage des risques politiques de la région. Bien que les discussions se poursuivent, le risque que le Royaume-Uni soit sans une entente augmente, et les entreprises doivent se préparer à une telle éventualité.
En Espagne, l’instabilité politique s’est poursuivie depuis le mois d’août en Catalogne en raison des demandes concernant l’indépendance de la région. Le 21 décembre, les partis pro-indépendantistes ont obtenu une majorité au parlement de la Catalogne. Toutefois, les demandes d’indépendance n’ont pas été reconnues par le gouvernement de l’Espagne. La situation actuelle suggère que l’agitation dans la région pourrait persister.
Les attaques terroristes à Barcelone, à Londres, en Suède et ailleurs en Europe pendant l’année 2017 ont fait en sorte que le terrorisme est resté une préoccupation pour la sécurité européenne. Ailleurs, l’augmentation de la popularité des partis de droite en 2017 a créé de l’incertitude pour les élections à venir. En particulier, les élections nationales en Italie auront lieu en mars 2018, et on craint la montée en popularité des partis contre le pouvoir et eurosceptiques, dont le Mouvement 5 étoiles. Les sondages d’opinion récents suggèrent que le bloc centre-droit de l’opposition constitué des groupes Forza Italia et Lega Nord (LN) puisse atteindre le pouvoir, sans toutefois obtenir la majorité. Cela pourrait entraîner des négociations prolongées pour la formation d’une coalition et éventuellement mener à la formation d’un gouvernement faible.
Néanmoins, les partis eurosceptiques ont récemment fait un pas en arrière concernant la demande d’un référendum national sur l’appartenance de l’Italie à la zone européenne. De plus, le contexte macroéconomique fort de l’Europe devrait empêcher la baisse de confiance des marchés à l’égard d’un déclin de l’Italie. La Grèce a connu une amélioration de l’évaluation de ses risques politiques en raison d’une plus grande stabilité politique et d’une amélioration des relations avec les créanciers internationaux. BMI Research a ainsi augmenté l’indice de risque politique à court terme de la Grèce, qui est passé de 52,5 à 59,6.

AFRIQUE
Le continent africain, encore une fois, a connu certaines améliorations importantes ayant trait à son score de risques politiques, mais également des détériorations notables. Les risques de relève en Afrique ont atteint un sommet marquant en 2017. Au Zimbabwe, Robert Mugabe a démissionné après 37 ans au pouvoir. La transition du nouveau président Emmerson Mnangagwa semble s’être faite en douceur, ce qui a permis de réduire le risque de perturbation politique dans le pays et d’améliorer son indice de risque politique à court terme de 37,7 à 45,4. En Angola, la succession de pouvoir s’est également déroulée en douceur, où le président de longue date José Eduardo Dos Santos a été remplacé par João Lourenço en septembre 2017.
Toutefois, dans d’autres pays africains, l’incertitude à l’égard des élections et des successions ont mené à une augmentation marquée des risques politiques. Au Kenya et au Gabon, les élections récentes ont été contestées. De plus, la Côte d’Ivoire a vu ses risques concernant le positionnement politique augmenter pour la succession du président Alassane Outtara en 2020, alors que les mutineries de l’armée se poursuivent dans le pays. De plus, toujours selon BMI Research, la République démocratique du Congo (RDC) demeure un des pays les plus instables qui soient. L’indice de risque politique à court terme du pays a encore baissé depuis la dernière mise à jour, qui est passé de 32,7 à 25,4. Cette baisse a été causée par l’incertitude à propos des élections prochaines, avec un affaiblissement de l’autorité du président Joseph Kabila et une augmentation de la violence des groupes armés.

MOYEN-ORIENT
La menace de l’État islamique (EI) s’est quelque peu résorbée dans la région au cours des derniers mois, mais les conflits demeurent. BMI Research a fait passer l’indice de risque politique à court terme de la Syrie de 22,9 à 27,9, car le gouvernement du président Assad a repris du territoire aux mains des rebelles. De plus, l’EI est considéré comme étant moins une menace. Toutefois, BMI Research a noté une persistance de la menace de violence en Syrie, ainsi qu’en Irak, au Bahreïn et au Yémen. En outre, le Qatar continue d’être confronté à une crise diplomatique, alors que les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran restent très élevées. Les autres risques dans la région découlent des conflits entre Israël et Hezbollah au Liban et entre Israël et Hamas dans la bande de Gaza, et de façon plus générale, du risque d’une nouvelle insurrection palestinienne contre Israël.
ASIE-PACIFIQUE
Les tensions liées à la Corée du Nord ont dominé le paysage des risques de la région des derniers mois. BMI Research prévoit que la crise des missiles en Corée du Nord atteindra une étape décisive au cours de l’année. La Corée du Nord s’est souvent servie des anniversaires d’importance pour mener des tests de missiles. BMI Research croit que cela sera le cas cette année.
Dans la mer de Chine méridionale, les tensions entre la Chine, la Corée du Sud, le Japon et le Vietnam au sujet du territoire des îles contesté sont demeurées, mais ne se sont pas envenimées au cours de la deuxième moitié de 2017. L’économie chinoise a connu une croissance exponentielle au cours des dernières années. Toutefois, il y a eu un ralentissement en 2017, et l’économie du pays reste incertaine encore cette année.
RÉFLEXIONS SUR LA GESTION DE RISQUES
Les organisations multinationales sont confrontées à un environnement de risques économique complexe et en constante évolution. L’instabilité sociale et les mesures gouvernementales défavorables sont parmi les exemples les plus fréquents de risques politiques des organisations multinationales lors des négociations ou des possibilités d’investissement dans les pays étrangers.
Est-ce que cela signifie que les entreprises doivent renoncer à de telles occasions si elles se trouvent dans les zones potentiellement instables? Pas nécessairement. Il n’est habituellement pas possible de contrôler directement les risques politiques. Toutefois, ceux-ci peuvent être atténués grâce à une assurance contre l’insolvabilité et les risques politiques afin d’offrir une confiance accrue par rapport aux avantages de l’occasion.
Historiquement, plusieurs multinationales ont souscrit à une assurance contre la violence politique ou contre le terrorisme parce que les tarifs étaient habituellement inférieurs à ceux de l’assurance contre les risques politiques. Les entreprises doivent cependant garder à l’esprit que cette stratégie a la possibilité de présenter des lacunes importantes. Qu’il s’agisse de violence politique ou de terrorisme, le choix de la police qui s’applique à une réclamation précise dépend souvent de la manière dont les assureurs et les gouvernements perçoivent les événements particuliers. Dans certains cas, des assureurs offrant une assurance contre les risques de violence politique ont refusé de procéder à l’indemnisation en prétendant que l’événement particulier devrait être couvert par un autre type de police d’assurance. L’assurance contre les risques politiques peut également contribuer à combler cette lacune en offrant une garantie qui couvre les deux risques, ce qui pourrait potentiellement éviter ce genre de litige.
Les contrats commerciaux d’approvisionnement de biens et services avec des entités gouvernementales ou privées dans les pays émergents sont souvent soumis à de nombreux risques politiques sous-jacents. Avec un contexte de protectionnisme mondial accru, la restriction de paiements en devise forte pour des sociétés à l’étranger ainsi que l’imposition de sanctions et d’embargos commerciaux sont des problèmes récurrents dans les pays où les gouvernements tentent de faire respecter les objectifs de politique étrangère, d’influencer l’opinion publique à l’intérieur du pays ou de gérer des problèmes économiques. De plus, les entreprises peuvent se retrouver face à des contraintes qui limitent les contreparties internes et qui les empêchent d’offrir une concurrence efficace sur les marchés cibles. Les contrats peuvent être couverts pour des périodes de trois à sept ans. Si la partie acheteuse a le statut de souverain, la période peut atteindre dix ans.
À PROPOS DE LA CARTE DES RISQUES POLITIQUES 2018
La Carte des risques politiques 2018 de Marsh s’appuie sur les données et les renseignements de BMI Research, source majeure d’analyse indépendante des risques politiques, macroéconomiques, financiers et industriels. Elle présente une vision globale des problèmes auxquels font face les sociétés multinationales et les investisseurs. Cette carte interactive attribue une cote par pays selon la stabilité politique et économique, indiquant les lieux où les risques sont les plus probables ainsi que les problèmes à considérer pour chaque pays.
Selon la méthode de BMI Research, le score d’un pays est basé sur un maximum de 100 : plus l’indice est élevé, plus le risque politique est faible. Ce rapport prend en considération les changements d’indice de risque politique à court terme (STPRI). Il s’agit d’une mesure qui prend en compte la capacité d’un gouvernement de proposer et de mettre en œuvre des politiques, la stabilité sociale, les menaces immédiates à la capacité du gouvernement de diriger, les risques d’un coup d’État et plus encore.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur BMI Research, visitez le site Web à l’adresse suivante : bmiresearch.com.